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temps, apporter d’heureux changements dans l’hygiène des malades confiés à ses soins. La ration journalière de pain fut portée à deux livres ; la distribution était faite le matin, à midi et le soir, avec une soupe soigneusement préparée ; aussi il n’est mort dans la deuxième et la troisième année de la république que le huitième des malades. Aux violences et aux moyens barbares de répression, Pinel, aidé du surveillant Pussin, homme plein d’activité et d’intelligence, fit succéder ce traitement moral dont le premier il a posé les bases, et qui eut dans ses mains de si heureux résultats. C’est à lui qu’est due la première idée d’employer d’une manière utile les bras des aliénés. « Combien de démarches n’ai-je point faites dans les temps auprès de l’administration pour multiplier, pour les aliénés de Bicêtre, les moyens de travail et de l’exercice du corps, et pour augmenter l’étendue de l’hospice ! mais les changements continuels et les orages de la révolution m’ont opposé des obstacles qu’il n’a point été possible de vaincre. »

Au bout de deux ans, il fut nommé médecin de la Salpêtrière, et contraint d’abandonner à d’autres le soin d’exécuter les changements qu’il méditait.

§ IV.

Au commencement de ce siècle, en 1801, Bicêtre réunissait des valides, des aveugles, des paralytiques, des gâteux, des individus atteints de maladies syphilitiques et scrofuleuses, des incurables, des fous, des imbéciles, des enfants. Les sexes y étaient con-