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idiots et les enfants scrofuleux couchaient dans les étages inférieurs, et les épileptiques dans les étages supérieurs.

Le septième emploi était réservé aux fous furieux, comme on les appelait alors. Ils étaient enfermés dans des loges basses séparées par des rues étroites. La description suivante pourra en donner une idée.

« Il semblait qu’on eût pris à tâche de construire des murs très épais afin d’en diminuer l’espace. Elles ne recevaient le jour et l’air que par la porte, car le seul guichet dont elles étaient percées pouvait à peine servir à passer les aliments ; les planches qui composaient leurs couchettes étaient scellées dans les murs ; et l’infortuné, qui n’avait pour tout meuble que ce grabat couvert de paille, se trouvant pressé contre la muraille de la tête, des pieds et du corps, ne pouvait goûter le sommeil sans être mouillé par l’eau qui ruisselait de cet amas de pierres et sans être pénétré par le froid de cette espèce de glacière. » (Rapport au conseil des hôpitaux, 1823.)

On le voit, le sort des aliénés était vraiment digne de pitié ; il ne manquait plus pour les assimiler à des bêtes féroces que de les donner en spectacle, ce qui arrivait lorsque, tous les jours de fête, les curieux venaient les visiter dans leurs cabanons, et jouir du droit de les tourmenter à leur aise moyennant une modique rétribution.

Un auteur contemporain fait le tableau de toutes ces misères dans ces termes énergiques :

« Les fous occupent un autre quartier. On ne leur donne pas même un médecin, et jamais on ne fit la moindre tentative pour leur rendre la raison. Les