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d’indisposer profondément l’opinion américaine. Bien que citoyen des ETATS UNIS, l’homme de couleur est considéré par l’Américain Blanc comme un être inférieur avec lequel on ne peut avoir que des relations d’affaires ou de service. On lui reproche une certaine inintelligence, son indiscrétion, son manque de conscience civique ou professionnelle, sa familiarité.

Les vices du nègre sont un danger constant pour l’Américain, qui doit les réprimer sévèrement. Par exemple, les troupes noires Américaines en France ont donné lieu, à elles seules, à autant de plaintes pour tentatives de viol, que tout le reste de l’Armée, et cependant, on ne nous a envoyé comme soldats qu’une élite au point de vue physique et moral, car le déchet, à l’incorporation a été énorme.

  1. Il faut éviter toute intimité trop grande d’officiers français avec des officiers noirs, avec lesquels, on peut être correct et aimable, mais qu’on ne peut traiter sur le même pied que des officiers blancs Américains sans blesser profondément ces derniers. Il ne faut pas partager leur table et éviter le serrement de mains et les conversations ou fréquentations en dehors du service.
  2. Il ne faut pas vanter d’une manière exagérée les troupes noires américains, surtout devant des Américains. Reconnaître leurs qualités et leurs services, mais en termes modérés conformes à la stricte réalité.
  3. Tâcher d'obtenir des populations des cantonnements qu’elle ne gâtent pas les nègres. Les Américains sont indignés de toute intimité PUBLIQUE de femme blanche avec des noirs. Ils ont élevé récemment des véhémentes protestations contre une gravure de la "Vie Parisienne" intitulée "l'Enfant du Dessert" représentant une femme en cabinet particulier avec un nègre. Les familiarités des blanches avec les noirs sont, du reste, profondément regrettées de nos coloniaux expérimentés qui y voient une perte considérable du prestige de la race blanche.

L’autorité militaire ne peut intervenir directement dans cette question, mais elle peut influer sur les populations par les Autorités civiles.

(Signé) LINARD.