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ment l’ordre qu’il leur avait donné, ils l’ensevelirent et l’enfouirent dans la terre ; jusqu’ici personne ne sait où il est caché, excepté ces deux religieux. Quant à ceux qui ont reçu les peaux de brebis qu’il leur avait léguées et son manteau usé, ils conservent ces reliques comme des objets infiniment précieux, car en les regardant, ils croient encore voir Antoine, et quand ils s’en revêtent, il leur semble qu’ils portent sur eux avec joie ses leçons et ses conseils.


PORTRAIT DE SAINT ANTOINE.


C’est ainsi qu’Antoine termina sa vie corporelle, et tel est le commencement de la vie monastique. Bien que ce récit ne suffise point pour peindre la vertu d’Antoine en tout son jour, il peut du moins vous faire concevoir quel devait être un homme qui, depuis sa jeunesse jusqu’à un âge si avancé, conserva toujours la même ferveur dans les exercices de la piété, et qui, même dans sa vieillesse, ne voulut jamais accepter une nourriture plus délicate, ni changer de vêtements malgré la faiblesse de son corps. Il demeura jusqu’à la fin exempt d’infirmités : ses yeux ne s’étaient point affaiblis, ils étaient nets et sa vue parfaite ; pas une de ses dents n’était tombée, seulement elles étaient, à cause de son grand âge, usées jusqu’aux gencives ; il conserva l’usage complet de ses pieds et de ses mains, en un mot, il avait une santé plus brillante et plus vigoureuse que les hommes qui recourent aux mets variés, aux bains et à toutes sortes de vêtements. La renommée d’Antoine répandue dans le monde entier, l’admiration universelle qu’il a méritée, ainsi que le regret de tous ceux qui l’ont vu, est la preuve de sa vertu et l’indice d’une âme chérie de Dieu, car Antoine ne s’est point fait connaître pour avoir composé des livres, ni par son habileté dans la philosophie profane ou dans un art quelconque, mais uniquement par sa