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de son indigence sans accepter sa pauvreté, aussitôt qu’il eut vu Antoine et entendu ses paroles ? Un moine relâché venait-il le voir, il s’en retournait plus fervent, un jeune homme venait-il le visiter sur sa montagne, il renonçait aux plaisirs et il embrassait la chasteté ; un homme tenté par le démon s’adressait-il à lui, il recouvrait la paix ; avait-on des chagrins et des soucis, on retrouvait la sérénité de l’âme auprès d’Antoine. Combien de jeunes filles recherchées en mariage, après avoir vu Antoine seulement de loin, ont consacré au Christ leur virginité ? On venait aussi le trouver des pays lointains, et ces étrangers s’en retournaient accueillis comme tous les autres par Antoine, qui les soulageait et les congédiait avec l’affection d’un père. En effet, depuis qu’il est mort, tous ceux qui l’ont connu se regardent comme orphelins, s’exhortent à la vertu par son souvenir et conservent fidèlement dans leur mémoire les conseils et les encouragements qu’il leur avait donnés.


SAINT ANTOINE PRÉDIT SA MORT.


Il faut aussi que je vous raconte quelle fut la fin de sa vie, car vous désirez en entendre le récit, et, de toutes les actions d’Antoine, il n’y en a pas qui soit plus digne d’envie. Il était allé, suivant sa coutume, visiter les monastères de la montagne qui est en deçà du désert ; étant averti par la Providence que sa fin était prochaine, il dit à ses frères : C’est la dernière visite que je vous fais, et je serais bien étonné que nous nous vissions de nouveau en ce monde. Le temps de mon départ est arrivé, car voilà que j’ai près de cent cinq ans. Ses disciples ayant entendu ces paroles se mirent à pleurer ; ils serrèrent le vieillard dans leurs bras et ils le baisèrent ; pour lui, semblable