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empêche de passer au-dessus de sa tête. Après cette vision et comme se la rappelant toujours, Antoine s’efforçait chaque jour de s’avancer de plus en plus vers ce qui était devant lui, mais il ne racontait pas volontiers tout cela ; cependant, lorsque au milieu de ses longues prières et de ses contemplations intérieures, ses disciples l’interrogeaient et le pressaient, il était obligé de leur dire, non-seulement comme un père qui ne peut rien cacher à ses enfants, mais comme un guide, que sa conscience était pure et que le récit qu’il leur faisait était pour leur utilité. Puisqu’ils approuvaient par là combien est bon le fruit de la vie religieuse, et que les visions sont souvent une consolation des travaux qu’on endurait. Il avait, en outre, une patience admirable et une grande humilité ; aussi observait-il avec le plus grand scrupule les canons de l’Église ; il ne voulait pas qu’aucun ecclésiastique ne lui fût pas préféré et ne rougissait pas d’incliner la tête devant les vieillards. Si quelque diacre allait le trouver pour un service, il lui disait ce qui pouvait lui être utile, mais il lui cédait tout ce qui avait rapport à la prière. Ne craignant pas de s’instruire par les autres ; souvent, en effet, il interrogeait et désirait entendre ceux qui étaient avec lui, et si l’un d’eux avait dit quelque chose d’utile, il avouait en avoir retiré un grand bien. Sa figure avait une grâce admirable ; le Sauveur lui accorda encore une faveur particulière, car s’il se trouvait avec un grand nombre de moines et que quelqu’un désirât le voir sans l’avoir connu auparavant, Antoine s’avançait aussitôt et, laissant les autres, courait à lui comme attiré par sa vue. Il ne différait des autres hommes ni par la grandeur ni par la grosseur du corps, mais par la rectitude de ses mœurs et la pureté de son âme, et comme elle n’était jamais troublée, ses sensations extérieures étaient toujours calmes, de sorte que la gaieté répandue sur son visage provenait de la joie de son âme, et d’après les mouvements de son corps on