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delà s’étendait une plaine où croissaient quelques palmiers sauvages. Antoine, se croyant dirigé par le Seigneur, adopta cette montagne pour son asile, car c’était bien le lieu que la voix du ciel lui avait indiqué sur les bords du Nil. Ayant reçu des pains que lui donnèrent ses compagnons de voyage, il resta sur la montagne seul et sans aucune société, et il considéra ce lieu comme devant être sa demeure. Les Sarrazins eux-mêmes, admirant la ferveur d’Antoine, repassaient à dessein par cette route et se faisaient un plaisir de lui apporter des pains ; il trouvait encore quelque secours dans les fruits des palmiers. Plus tard, ses frères ayant découvert le lieu de sa retraite, ils eurent soin de lui envoyer ce dont il avait besoin, et ils se montrèrent à son égard comme des fils pleins de reconnaissance pour leur père.


IL SÈME DU BLÉ ET CULTIVE DES LÉGUMES.


Antoine, s’apercevant que plusieurs se gênaient et se fatiguaient pour lui apporter du pain, voulut leur épargner cette peine. Ainsi donc, après y avoir réfléchi, il pria quelques-uns de ceux qui venaient le visiter de lui apporter un hoyau, une hache et un peu de blé. Quand on lui eut procuré ces choses, il parcourut le voisinage de la montagne ; ayant découvert un petit espace de terre propre à son dessein, il le cultiva, et comme la source lui fournissait de l’eau en abondance pour l’arroser, il l’ensemença et chaque année, renouvelant son travail, il en retirait son pain, se réjouissait de ne plus importuner personne et de ne plus leur être à charge ; mais dans la suite, voyant que plusieurs venaient de nouveau le visiter, il cultiva aussi quelques légumes, afin de procurer à ses visiteurs un léger soulagement dans leur pénible voyage.