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(Ps. xix, 8), » et par mes prières le Seigneur les mit en fuite. Une fois ils vinrent pendant la nuit portant avec eux l’apparence d’un flambeau, et me dirent : Antoine, nous venons pour t’éclairer. Je fermai les yeux et me mis à prier, et aussitôt la lumière des impies s’éteignit. Quelques mois après, ils vinrent en chantant et en citant les paroles des Écritures ; mais moi, comme un sourd, je ne les écoutai pas. Ils ébranlèrent un jour le monastère, je restai calme et me mis à prier ; après cela, revenant de nouveau, ils frappaient des mains, sifflaient, dansaient ; mais comme je priais et que, couché, je chantais en moi-même des psaumes, ils commencèrent aussitôt à se lamenter et à pleurer, voyant qu’ils avaient perdu leur temps, et je rendais gloire à Dieu qui avait réprimé et mis au grand jour leur audace et leur fureur. Une autre fois, le démon, se montrant à moi sous une forme très-élevée, osa me dire : Je suis la puissance de Dieu, je suis la Providence ; que désires-tu ? je te le donnerai. Je soufflai sur lui en invoquant le nom du Christ et m’efforçai de le frapper ; je crus même l’avoir frappé, et aussitôt ce terrible ennemi disparut avec tous ses démons, au nom du Christ. Il vint un jour que je jeûnais, et le fourbe, sous la figure d’un moine m’apportant la ressemblance d’un pain, m’exhortait en me disant : Mange et cesse tes longs travaux, car tu es homme, toi aussi, et tu risques de tomber malade. Comme je connaissais ses ruses, je me levai pour prier, mais le démon ne put supporter cela, car il disparut et sembla s’en aller par la porte comme une fumée. Que de fois dans le désert ne m’a-t-il pas présenté l’image de l’or pour seulement le toucher ou y jeter les yeux ; alors je chantais des psaumes en maudissant cet or, et le démon se consumait de rage. Plusieurs fois ils m’ont accablé de coups, mais je disais : Rien ne me séparera de l’amour du Christ. Eux, en entendant ces paroles, redoublaient leurs coups les uns contre les autres ; ce n’était pas moi qui