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blesse encore plus digne de mépris ! L’ange véritable envoyé par le Seigneur contre les Assyriens n’eut pas besoin de réunir une grande multitude, ni de prendre une forme étrangère, de faire du bruit, de battre des mains ; il usa avec calme de son pouvoir et tua de suite quatre-vingt-cinq mille hommes. Les démons, ne pouvant rien, tâchent d’effrayer par des apparitions.

Si quelqu’un, réfléchissant à ce qui est arrivé à Job, disait : Pourquoi le démon l’ayant attaqué eut-il tout pouvoir contre lui, lui enleva-t-il toutes ses possessions, tua-t-il ses enfants et le frappa-t-il d’un ulcère ? Qu’il sache que ce n’était pas la puissance du démon, mais celle de Dieu qui lui livra Job pour le tenter. Comme il ne pouvait rien, il obtint de Dieu le pouvoir qu’il avait demandé pour agir. D’après cela, l’ennemi du genre humain est d’autant plus méprisable que, malgré sa volonté, il n’eut aucun pouvoir même contre un seul homme juste, car s’il eût eu ce pouvoir, il ne l’aurait pas demandé. Or, comme il l’a demandé non-seulement une fois, mais deux fois, c’est une preuve évidente de sa faiblesse et qu’il ne peut rien. Il ne faut donc pas s’étonner s’il n’eut aucune puissance contre Job, puisqu’il n’aurait pu faire même aucun mal à ses bêtes de somme sans le consentement de Dieu ; il n’eut même aucun pouvoir contre les pourceaux, puisqu’il est dit dans l’Évangile : « Les démons invoquèrent le Seigneur en disant : Permets-nous d’entrer dans des pourceaux. (Math. viii, 31). » Si donc ils n’ont aucun pouvoir contre des pourceaux, ils en ont beaucoup moins contre des hommes créés à l’image de Dieu ; il faut donc craindre Dieu seul, mépriser les démons et nullement les redouter ; mais plus ils font d’efforts, plus nous devons redoubler de zèle pour les combattre ; une conduite droite et la foi en Dieu sont contre eux une arme puissante : voilà pourquoi ils craignent les jeûnes des ascètes, leurs veilles, leurs prières, la douceur du caractère, la tranquillité de l’âme, le désintéressement