Page:Athanase d’Alexandrie - Vie de saint Antoine, trad Rémondange.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 34 —

eux nos portes ; mais puisqu’ils n’ont pas de corps, ils peuvent entrer les portes même fermées et se répandre eux et leur chef dans tout l’espace de l’air ; ils sont malveillants et disposés à faire le mal. Le Sauveur a dit : « Le démon, père du mal, a été homicide dès le commencement (Saint Jean, viii, 44). » Pour nous, tandis que nous vivons, nous dirigeons tous nos efforts contre lui ; mais la faiblesse des démons est évidente, car aucun lieu ne les empêche de dresser leurs embûches ; ils savent que nous ne sommes pas assez leurs amis pour nous épargner, ils n’aiment pas assez le bien pour se corriger, leur perversité au contraire n’en est que plus grande, et ils n’ont rien tant à cœur que de nuire à ceux qui sont amis de la vertu et de la piété ; parce qu’ils ne peuvent rien, ils ne font que des menaces ; s’ils avaient quelque pouvoir, ils ne tarderaient pas à commettre le mal où tend tout leur désir, mais surtout contre nous. Maintenant que, réunis, nous parlons contre eux, ils voient qu’ils s’affaiblissent à mesure que nous faisons des progrès dans la vertu ; s’ils en avaient le pouvoir, ils ne laisseraient la vie à aucun des chrétiens, car la piété est pour le pécheur un objet d’exécration. (Eccles., i, 32.) Comme ils ne peuvent rien, ils se blessent d’autant plus les uns les autres qu’ils sont dans l’impuissance d’exécuter leurs menaces. Il faut réfléchir à cela pour ne pas les craindre ; s’ils avaient quelque pouvoir, ils ne viendraient pas en si grand nombre ni sous la forme de fantômes, ni en se déguisant pour dresser leurs embûches ; un seul suffirait pour faire ce qu’il pourrait et voudrait, surtout celui qui aurait ce pouvoir n’emprunterait pas une vaine apparence pour ôter la vie, ni n’effrayerait pas en faisant du bruit, mais userait à son gré du pouvoir qu’il aurait. Or, les démons, ne pouvant rien, jouent la comédie comme sur un théâtre, changent de figures et font peur aux enfants par le bruit de leurs apparitions et avec leurs déguisements ; voilà ce qui rend leur fai-