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pour tromper les simples ; ils font du bruit, rient comme des insensés, sifflent ; mais si l’on ne fait pas attention à eux, ils se lamentent et pleurent d’être vaincus. Le Seigneur donc, comme Dieu, les a muselés ; pour nous qui avons été instruits par les saints, nous devons agir d’après eux, imiter leur courage, car lorsqu’ils voyaient de telles choses, ils disaient : « Quand l’impie s’élevait contre moi, j’étais muet, je me suis humilié et j’ai gardé le silence, le bien. (Ps. xxxviii, 2.) » Et ailleurs : « Je suis comme un sourd qui n’entend pas, comme un muet qui n’ouvre pas la bouche ; je suis comme un homme dont les oreilles sont fermées et dont la langue est enchaînée. (Ps. xxxvii, 13, 14.) » Ne les écoutons donc pas puisqu’ils nous sont étrangers, et ne leur obéissons pas, bien qu’ils nous réveilleraient pour la prière ou qu’ils nous parleraient de jeûnes, mais appliquons-nous plutôt avec ardeur au genre de vie que nous avons embrassé, afin que nous ne soyons pas trompés par toutes les ruses qu’ils emploient contre nous. Il ne faut pas les redouter, soit qu’ils semblent nous attaquer, soit qu’ils nous menacent de la mort, car ils sont pleins de faiblesse et ne peuvent que menacer.

Jusqu’à présent je n’ai fait, en parlant ainsi, que parcourir ce sujet, mais je ne dois pas craindre d’entrer dans de plus grands détails sur ce qui regarde les démons, parce que le récit sera utile pour vous. À l’avénement du Seigneur, l’ennemi du genre humain tomba et sa force a été brisée ; c’est pourquoi ne pouvant rien comme tyran, quoique tombé, il ne se tient jamais en repos, mais ne menace qu’en paroles. Que chacun de vous réfléchisse à cela et il pourra mépriser les démons. S’ils étaient revêtus d’un corps comme nous, ils pourraient dire : « Nous ne trouvons pas les hommes qui se cachent ; si nous les trouvions, nous leur ferions du mal. » Nous pourrions, nous aussi, nous cacher et nous dérober à leurs regards en fermant sur