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déterminèrent plusieurs à se retirer dans la solitude. Alors des monastères commencèrent à s’élever sur les montagnes, et le désert fut peuplé de solitaires qui sortaient de leur pays pour devenir citoyens du ciel.

Comme Antoine était obligé de traverser le canal d’Arsinoë pour visiter ses frères, le canal se trouva rempli de crocodiles ; mais, adressant seulement une prière à Dieu, il s’embarqua avec ceux qui étaient avec lui et ils traversèrent le canal sans éprouver le moindre accident. De retour à son monastère, il reprit avec une courageuse persévérance ses austères travaux. Dans ses fréquents entretiens, il augmentait l’ardeur de ceux qui avaient déjà embrassé la vie ascétique et excitait les autres à l’amour de la mortification, de sorte qu’à sa persuasion, on vit s’élever bientôt plusieurs monastères qu’il gouvernait tous comme un père.


CONSEILS DE SAINT ANTOINE À SES DISCIPLES.


Un jour, tous les moines s’étant rassemblés autour de lui pour le prier de leur adresser quelques paroles d’édification, il leur dit en langue égyptienne que les saintes Écritures suffisaient pour notre enseignement, mais qu’il était cependant utile de nous exhorter les uns les autres dans la foi, et de nous encourager par de bons discours. — Ainsi donc, mes enfants, dites à votre père ce que vous savez, et moi, comme votre ancien, je vous ferai part de ce que j’ai appris de l’expérience. Et d’abord ayons tous pour premier souci de ne pas abandonner notre œuvre, de ne pas céder à la peine, de ne jamais dire : « Il y a longtemps que nous portons le poids de la vie ascétique ; » mais plutôt de croître en ardeur, comme si chaque jour était notre premier jour. La vie de l’homme est très-courte comparée aux siècles à venir ; la plus longue n’est rien