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été renversés. C’est moi qui si souvent t’ai causé de l’ennui et qui ai été tant de fois repoussé par toi. » Alors Antoine, rendant grâces à Dieu et redoublant de courage contre l’ennemi, lui répondit : « Tu es donc bien méprisable, car tu as l’âme noire et tu n’es qu’un faible enfant : désormais tu ne me causeras plus d’inquiétude, Dieu est avec moi et je mépriserai mes ennemis. (Ps. cvii., 74.) » Le nègre, effrayé des paroles qu’il venait d’entendre, prit la fuite et n’osa même plus approcher de son adversaire. Tel fut le premier combat d’Antoine contre le démon, ou plutôt tel fut le triomphe que le Seigneur, dans la personne d’Antoine, remporta contre Satan ; triomphe de celui qui a condamné le péché de la chair, afin que la justice de la loi fût accomplie en nous qui marchons non selon la chair, mais selon l’esprit. (Rom., 8, 3, 4.)


AUSTÉRITÉS DE SAINT ANTOINE.


Cependant, après avoir vaincu le démon, Antoine ne se relâcha pas, et le démon, après sa défaite, ne cessa pas de lui dresser des embûches. Il rôdait autour de lui comme un lion cherchant l’occasion de surprendre sa proie ; mais Antoine, qui avait appris de l’Écriture que Satan a plusieurs ruses, s’adonnait avec ferveur à la vie ascétique, persuadé que si le démon n’avait pu le séduire par l’attrait des voluptés charnelles, il chercherait à lui dresser des embûches par d’autres moyens, car il ne se complaît que dans le péché. C’est pourquoi le saint solitaire mortifiait toujours son corps et le réduisait en servitude de peur que, vainqueur d’un côté, il ne succombât de l’autre. Il résolut donc de s’habituer à une vie plus austère ; plusieurs s’en étonnaient, lui au contraire en supportait les peines avec plus de facilité, car le zèle prolongé de son âme lui avait procuré