Page:Athanase d’Alexandrie - Vie de Saint-Antoine, trad Manoury.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.

coups, mais qu’il nous défie avec audace. Attaquons-le d’une autre manière. »

22. Ils accourent donc et font pendant la nuit un tel vacarme que toute la contrée paraît en trembler. Il semble que ces démons, renversant les quatre murailles du tombeau, passent au travers sous la figure d’animaux sauvages et d’affreux reptiles. Tout ce lieu paraît rempli de lions, d’ours, de léopards, de taureaux, de serpents, d’aspics, de loups et de scorpions. Chacune de ces bêtes s’agite à sa manière. Le lion rugit en voulant s’élancer ; le taureau menace de ses cornes ; le serpent s’avance en rampant, mais n’arrive pas jusqu’au saint, et le loup, qui se précipite, est retenu par une force invisible. Tous ces fantômes, en un mot, faisaient entendre des frémissements épouvantables et montraient une colère effrayante.


Comment saint Antoine convainquit le démon d’impuissance.


23. Antoine frappé, piqué par ces bêtes cruelles, laissait échapper des gémissements que lui arrachaient les souffrances de son corps, mais, plein de vigueur dans son âme, il leur disait en les raillant : « Si vous aviez quelque pouvoir, un seul d’entre vous suffirait pour m’abattre. Mais, comme le Seigneur vous a coupé les nerfs, vous cherchez à m’effrayer par votre multitude. Toutes ces figures d’animaux que vous prenez sont la marque de votre impuissance. » Puis il ajoutait avec hardiesse : « Si vous avez quelque force, si vous avez reçu contre moi