XI
UN MOUVEMENT TOURNANT
Cette fois, nous étions plus à l’aise ; je dis à Pitou :
« Mon vieux, prête-moi ton mouchoir pour m’essayer le front : je suis tout en nage. »
Lui, c’était tout le contraire. Il était couvert de poussière, étant tombé tout à plat sur le rocher, qu’on n’avait pas balayé depuis l’an 1er de la création du monde. Adam l’avait laissé tel qu’il l’avait trouvé, et ses petits-fils aussi.
Pitou me dit à son tour :
« Eh bien, est-ce que tu regrettes toujours que nous ayons averti le capitaine Chambard ?… C’est pourtant lui qui vient de nous tirer d’affaire, rien qu’en faisant sonner la charge à Paindavoine. »
Je répliquai, car je n’aime pas avoir tort :
« Es-tu bien sûr que c’est le capitaine Chambard qui vient nous aider si à propos ? »
Comme il allait répondre, voilà que le capitaine parut lui-même au détour du chemin, à trente pas de nous, et qu’il nous dit de son air bon enfant :
« Ah ! ah ! mes gaillards, vous avez voulu nous jouer un tour ; mais qui est-ce qui a manqué de s’y faire prendre et de servir au déjeuner des