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LA CHASSE AUX LIONS

pas ; du moins, il ne m’en a jamais rien dit ; mais quand la lionne essayait de mordre ses mollets ou les miens, il lui donnait sur la tête un tel coup de crosse qu’il l’aurait brisée en mille morceaux si elle avait été faite de porcelaine ou de faïence. Malheureusement, le crâne était plus dur que du fer. Ça, comme disent les savants, c’est une propriété du climat d’Afrique, et ça fait qu’on ne trouve presque partout dans ce pays-là que des nègres, des Arbis et des juifs mercantis, qui ne sont pas les fleurs de la nature.

Tout à coup… faites bien attention !… du fond de la vallée en bas, tout en bas, voilà que j’entends : « Tra, tra, tra…, » le son du clairon qui s’approche. Ah ! ah ! je fais signe à Pitou en étendant le bras gauche de ce côté-là et je lui dis :

« Nous sommes sauvés ; voilà les camarades !

— Quels camarades ?

— Eh parbleu ! ceux de la 3e du 4e du 8e de Fer et Bronze. Et, tiens, je reconnais le coup de langue du clairon Paindavoine.

— Ça, c’est vrai, reprit Pitou, il a un fameux coup de langue, ce Paindavoine ; mais voilà ! arrivera-t-il assez tôt ?… Nous saurons ça dans un quart d’heure si nous sommes encore en vie et si tous ces gredins à quatre pattes n’arrivent pas avant lui. »

Ce qu’il y avait de pire dans notre affaire, c’est que nous voyions bien les lions faire au grand trot un détour pour nous rejoindre, mais nous ne voyions pas les camarades qui venaient du fond de la vallée par le chemin opposé, et surtout nous avions peur de n’en être pas vus. Aller à eux, pas possible ! La lionne une fois lâchée nous aurait sauté dans le dos.

Heureusement, pendant qu’elle rugissait de colère, de fureur et aussi parce qu’elle n’était pas à son aise, la pauvre bête ! voilà Paindavoine qui souffle de plus en plus fort, comme pour aller au pas de course, et les camarades qui le suivent en criant :

« Pitou ! Pitou ! Dumanet ! Dumanet ! »

Ma foi, il n’était que temps, car la lionne, à force de se démener,