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X

IL N’ÉTAIT QUE TEMPS


Vous voyez notre situation ! Pas bonne, n’est-ce pas ? La lionne sous nos pieds mais rageuse comme tout, et d’ailleurs ayant enfin retiré sa tête de l’épervier en y faisant un large trou avec les dents. De ce trou, elle allongeait le cou pour saisir tantôt mes mollets, tantôt ceux de Pitou, qui se défendait comme moi à coups de crosse, ne pouvant pas lui présenter la baïonnette, parce qu’avant tout il fallait s’appuyer fortement et se tenir debout. Si l’un de nous deux était tombé, elle aurait été libre et l’aurait étranglé dans le temps que le sergent Bridoux met à siffler un petit verre de tord-boyaux.

D’un autre côté, en face de nous, à trois cents pas, le beau-père de la lionne, sa belle-mère, ses beaux-frères, ses tantes, ses cousins, ses cousines, que sais-je encore ? Je ne voulais pas leur demander leurs actes de naissance.

S’ils avaient le temps de nous rejoindre, notre affaire était faite, je vous en réponds. Deux fusils déchargés contre cinq lions et une lionne en fureur, ce n’était pas de quoi faire avec plaisir l’escrime à la baïonnette, où pourtant je ne suis pas manchot, je m’en vante. Mais, vous savez, ces vilaines bêtes ont une escrime à elles qu’on ne connaît pas et qu’on ne sait comment parer. Elles sautent en l’air comme des chats et