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LA CHASSE AUX LIONS

Je dis à Pitou :

« Est-ce que ça va durer longtemps ? »

Il répondit :

« Tout le temps qu’elle voudra.

— Mais j’ai faim, moi !

— Oh ! moi, c’est bien différent. J’ai faim et soif.

— Alors, qu’est-ce que nous allons faire ?

— Attendons. Elle a peut-être envie de dîner, elle aussi.

— Oui, mais elle a le bourricot ; ça lui fait du pain pour trois jours.

— Pauvre bourricot !

— Pauvres nous ! »

Tout à coup, Ibrahim, que nous avions oublié et qui s’était sauvé au plus haut du chêne, descendit en entendant que nous parlions du bourricot et nous dit tout bas, comme s’il avait eu peur d’être entendu de la vieille coquine :

« Avez-vous un couteau ?

— Pour quoi faire ?

— Vous allez voir. »

Pitou, qui est Auvergnat, a toujours son couteau dans sa poche. Il le donna à l’Arabe, qui, tout de suite, se mit à tailler une branche en forme de crochet et me souffla dans l’oreille :

« Attention ! Je vois dans le panier mon épervier à pêche, nous allons rire. »

Et, pour commencer, il riait lui-même.

« Surtout, tâchez d’occuper la lionne en criant et en l’appelant de tous les noms. Si j’attrape mon épervier, nous sommes sauvés, et mon pauvre Ali aussi. »

En même temps il nous expliqua son plan, qui valait mieux que celui de Trochu, je vous en réponds. Au reste, vous allez voir.

Pitou se mit à crier :

« Oh ! la gueuse ! oh ! la coquine ! Est-ce que tu ne vas pas t’en aller, vilaine bête ? »