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VIII

ALI RAVISSEUR D’ENFANTS


Vous voyez où nous en étions.

Ali, le pauvre bourricot, sur le chemin, broutant ou faisant semblant de brouter l’herbe et les chardons. La lionne à côté, se léchant le mufle d’où le sang coulait ; c’est sa manière de se moucher. Sur le rocher, le chêne. Sur le chêne, moi, dans le bas, debout sur la plus forte branche, emmanchant ma baïonnette au bout de mon fusil, et tout prêt à piquer la lionne si par hasard elle venait à rebondir pendant que Pitou allait grimper. Pitou enfin, rejetant son fusil sur son épaule en grimpant de toutes ses forces, comme on fait quand on a dans le dos une lionne démuselée. Dans l’effort, sa culotte se déchira, et par la déchirure s’ouvrit une porte si grande que le sirocco, qui est le plus chaud vent d’Afrique, pouvait y souffler à droite et à gauche, dans le corridor, comme le vent du nord souffle dans la caverne de Rochenoire entre les deux pics auvergnats du Ferrand et du Sancy, qui sont les plus beaux de France. C’est Pitou lui-même qui me l’a raconté, et pourtant il n’est pas vantard.

Voilà !

D’autres pourraient vous faire des discours, parce que c’est leur métier ; mais moi, je vous dis les choses comme elles sont. C’est ça qui