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LA CHASSE AUX LIONS

voyez cette rue tracée entre ses deux yeux, défiez-vous : elle va vous mordre.

Bien entendu, c’est encore pire pour les lionnes.

Celle-là donc, attirée par les deux coups de fusil, le mien et celui de Pitou, prit le grand trot pour voir ce que c’était, et si son mari avait fait bonne chasse. Car, il ne faut pas s’y tromper, le lion nous chassait comme nous chassions le lion. La différence, c’est qu’il avait des dents et des griffes toujours prêtes à travailler, et que nous n’avions, nous, que des fusils qu’il fallait recharger, ce qui demande du temps ; sans compter qu’on pouvait manquer son coup, comme je l’avais manqué, moi, en attrapant une patte de derrière au lieu du front que je visais.

En arrivant, elle fut bien étonnée de voir son lion étendu sur le dos, les quatre pattes en l’air et ne bougeant pas plus que s’il avait été de plomb. Le sang coulait sur le chemin.

Elle le regarda, le flaira, lui donna un léger coup de patte sur le mufle, comme pour savoir s’il était mort ou faisait semblant, vit qu’il ne disait rien, poussa un grognement terrible, le lécha doucement comme pour lui dire adieu, et enfin leva les yeux pour voir qui l’avait tué.

C’est alors qu’elle nous aperçut. Nous la regardions faire, Pitou et moi, tout étonnés.

Je dis à Pitou :

« Recharge vite ton fusil, elle va sauter sur nous.

— Recharger ! avec quoi ?

— Avec une cartouche, parbleu ! »

Pitou me répondit :

« J’ai laissé ma cartouchière dans le buisson pour l’avoir à portée de la main. Donne-moi la tienne. »

Ah ! tonnerre et quatorze millions de bombardes ! ma cartouchière était tombée dans le fossé, pendant que je grimpais sur le rocher et que le lion tenait ma capote avec les dents. Je le dis à Pitou.

Il se gratta la tête, qui pourtant n’avait pas de démangeaison.

Non, quand Pitou se gratte, c’est qu’il cherche une idée dans son