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LA CHASSE AUX LIONS

— Eh bien, dit tranquillement Pitou, allons l’attendre sur la route. »

Ibrahim secoua la tête.

« Tu ne veux pas ? continua Pitou.

— Non.

— Eh bien, nous irons tous les deux, Dumanet et moi. »

L’Arabe reprit :

« Vous irez, mais vous ne reviendrez pas !

— Pourquoi ?

— C’est, dit Ibrahim, que le seigneur lion n’est pas seul. »

À ce mot, Pitou fit :

« Pas seul ? »

Et il souffla pour mieux réfléchir.

Alors je pris la parole :

« Combien sont-ils ?

— Quatre : le père lion, la mère lionne et deux petits lionceaux.

— Pfff ! pfff ! souffla Pitou : si nous attendions le capitaine Chambard et ses amis. Qu’en penses-tu, Dumanet ? »

C’est vrai que le lion, la lionne et les petits, c’était beaucoup pour une fois. Mais, comme dit le père Dumanet, quand le vin est tiré, il faut le boire.

Je répondis :

« Pitou, si le seigneur lion, au lieu de ses petits et de leur mère, avait à côté de lui ses trois frères, ses deux beaux-frères, ses quatre tantes, ses cinq cousines et trente cousins, et s’ils venaient tous en procession sur cette route, Dumanet fils les attendrait baïonnette en main et leur ferait voir ce que c’est qu’un fusilier du 7e léger. On est de Dardenac, canton de Libourne, mille millions de marmites ! ou l’on n’en est pas ; et quand on est du canton de Libourne, on n’a pas le cœur d’une moule ! Qu’en penses-tu, Pitou ? »

L’ami Pitou répondit :

« Je pense ce que tu penses, Dumanet ! Pourquoi donc est-ce que je voudrais penser subséquemment quand tu as pensé précédentement ? J’aime bien mieux obtempérer tout de suite. »