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LA CHASSE AUX LIONS

jour, d’un oignon, d’une gousse d’ail et d’une demi-douzaine de cigarettes… Mais vous autres, à présent, il vous faudrait du pain, de la viande, du café, du vin, de l’eau-de-vie, comme à des milords anglais ou à des seigneurs de trente mille livres de rente ! Eh bien, soyez contents, vous en aurez aujourd’hui parce que c’est jour de fête… »

« Tout le monde cria : « Bravo ! Bravo ! Vive Bugeaud ! »

« Il fit signe de se taire, regarda le sous-lieutenant qui se tenait debout d’un air respectueux et lui demanda :

« Où donc est le capitaine Bouteiller ?

« — À l’ambulance. Il a eu la jambe cassée d’une balle avant-hier, répondit l’autre.

« — Et le lieutenant ?

« — Pris de la fièvre typhoïde il y a cinq jours. On l’a laissé à Mostaganem.

« — Tant pis ! ce sont deux braves officiers, dit le maréchal… Alors, c’est vous qui commandez la compagnie ?

« — Comme vous voyez, mon maréchal.

« — Et vous vous appelez ?

« — Chambard.

« — Vous êtes bien jeune !

« — Monsieur le maréchal, je ferai de mon mieux, dit Chambard. D’ailleurs, mes hommes ont vu le feu presque tous…

« — Bien, bien, mon garçon, reprit l’autre. Je vous regarderai. On fait bien à tout âge quand on a bonne volonté. »

« Chambard ne s’était pas vanté. Nous fîmes, ma foi, si bien, et lui aussi, surtout quand, la cavalerie marocaine se sauvant, on se forma en colonne pour s’emparer de leur camp, que le colonel nous en félicita le soir.

« Le vieux Bugeaud serra la main au blanc-bec et le fit lieutenant d’emblée, en attendant le brevet du ministère de la guerre. Enfin nous fûmes tous très contents, excepté, bien entendu, trois ou quatre, qui avaient des balles en divers endroits.