est le lion et que nous viendrons le chercher demain ou après-demain. N’est-ce pas, Ibrahim ? »
Alors l’Arabe, à qui la vue de son bourricot avait rendu l’envie de tuer le lion, descendit de son arbre et nous dit :
« C’est moi qui vous conduirai.
— Quand ça ? demanda Pitou.
— Demain, répondit l’Arabe. Demain nous viendrons ensemble dans la forêt. J’appellerai mon pauvre Ali. Il connaît ma voix comme je connais la sienne. S’il est vivant, il me répondra. »
Je demandai en riant :
« Que vas-tu lui dire ? »
Il me répliqua :
« Je lui dirai : « Ali, où es-tu ? Qui est-ce qui t’a emmené comme un esclave ? Où est-il, le brigand ? »
— Et il te répondra ?
— Oui, par Allah ! s’il n’est pas mort.
— Et tu le comprendras ? »
Ibrahim me regarda d’un air fier.
« Il n’y a donc pas de bourricots chez vous autres Roumis, puisque vous ne savez pas les comprendre ! »
Pitou répondit bonnement :
« Nous en avons, et beaucoup. Justement nous appelons ânes et bourricots, chez nous, ceux qui ne comprennent rien. »
Ibrahim fut si étonné que ses bras en tombaient, comme dit la mère Mouilletrou quand elle voit que sa lessive a mal tourné.
« Ah ! cria-t-il en colère, vous n’êtes que des chiens de Roumis, puisque vous insultez les meilleures bêtes de la nature. »
Il était déjà tard, peut-être trois heures du matin, et Pitou commençait à s’ennuyer.
Il me dit tout à coup :
« Partons, Dumanet. »
Moi, pour ne pas le contrarier, je lui rétorquai :