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LA CHASSE AUX LIONS

— Non.

— Un petit kilomètre ! le plus petit de tous les kilomètres ! »

Il répliqua d’une voix ferme :

« Pas même un décamètre. Dumanet ! Pitou n’a qu’une parole ! et Pitou Jacques a donné sa parole à Jacques Pitou de ne pas le mener plus loin que cinq cents pas. »

Tout à coup, dans le haut du chêne, une voix cria :

« Allah ! Allah ! Allah !

— Allons, bon ! dit Pitou, encore une autre affaire. Voilà quelque moricaud en détresse. »

Au même instant, nous entendîmes un bruit de feuilles froissées et de branches cassées. Un Arabe vint tomber à nos pieds.

Il tomba, je veux dire qu’il descendit de branche en branche, mais si vite que Pitou eut à peine le temps de s’écarter : autrement il lui aurait cogné la tête.

L’Arabe se releva et dit en montrant la forêt :

« Il est parti !

— Qui ? demanda Pitou.

— Celui que vous cherchez, le brigand qui a mangé ma femme et mes deux vaches, le sidi lion enfin. »

Je demandai :

« Comment sais-tu qu’il est parti ? »

L’Arabe se roula la face contre terre en s’arrachant la barbe.

« Ah ! dit-il, je l’ai vu et je l’ai suivi pendant qu’il tenait ma pauvre femme Fatma dans ses dents. Allah ! Allah ! Comme elle criait ! »

Et il nous raconta son malheur.

« Je revenais avec Fatma et le bourricot qui portaient chacun sa charge de bois… »

Pitou prit la parole :

« Et toi, qu’est-ce que tu portais ? »

L’Arabe le regarda très étonné et répondit :

« Moi ?… je ne portais rien.

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