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LA CHASSE AUX LIONS

Je répondis :

« Faut croire, puisque les lions les gardent. Est-ce que tu as jamais vu une porte sans portier ?

— Ça, jamais ! dit Pitou ; j’aurais plutôt vu un portier sans porte. Comme ça, Dumanet, c’est donc les lions qui ferment la porte du désert ?

— Comme tu dis.

— Mais alors, Dumanet, c’est donc pas des lions, ceux de ce pays, c’est donc des cloportes ? »

Il se mit à rire et moi aussi, et aussi la mère Mouilletrou, qui nous écoutait.

Je lui dis :

« Pitou, je ne t’avais jamais vu faire de calembours. Où as-tu pris celui-là ?

— C’est vrai, dit modestement Pitou. Le calembour n’est pas de moi. Il est du capitaine Chambard. »

Je dis encore :

« Ça ne fait rien, Pitou. Il est très bon, le calembour. C’est le capitaine Chambard qui l’a fait, mais le général voudrait bien en faire autant… Pour conclure, veux-tu venir avec moi prendre le désert ?

— Malgré les panthères et les lions ? dit Pitou… ça demande réflexion ! »

Mais, comme il réfléchissait, nous entendîmes tout à coup des cris épouvantables et nous vîmes plus de trois cents Arabes ou moricauds de toute espèce, hommes, femmes et enfants, qui venaient en courant de toutes leurs forces dans la rue et criant :

« Le lion ! voici le lion ! »