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LA CHASSE AUX LIONS

c’était une belle panthère de deux pieds et demi de haut, grosse comme un veau de six semaines…

— Ah ! fichtre !

— … Là-dessus mon sergent Broutavoine était mal à l’aise, comme tu peux croire. Il cherche de la main droite son briquet, de la gauche il attrape la panthère par les cheveux…, ou, si tu préfères, par une oreille et par les poils tout autour… Il tire de son côté, elle tire du sien. Finalement elle emporte le morceau, qui n’était pas bien gros (par bonheur !) et pousse un cri fait comme le miaulement de trois cents chats en colère… Le sergent saute debout sur ses pieds, tire son briquet et le lui met dans la gorge en criant : « À moi ! les amis ! » On court, on arrive, on le trouve couché sous elle et couvert de sang… elle l’avait jeté par terre et voulait le dévorer. Lui, pas bête, lui tenait la gueule en l’air en serrant de toutes ses forces.

— Et après ?

— Après ?… Eh bien, pendant que la panthère le griffait et le mordait, Pouscaillou est venu par derrière et lui a brûlé la cervelle d’un coup de fusil…

— Au sergent ?

— Mais non. Dumanet. Tu ne comprends donc rien ? Pas au sergent, à la panthère. »

Je répliquai :

« Pitou, tu vois bien que le sergent Broutavoine s’en est tiré, puisqu’il est devenu lieutenant et qu’il a fallu un coup de mitraille pour le tuer en Crimée. »

Pitou secoua la tête.

« Il s’en est tiré, dit-il… oui, si l’on veut ; mais, pendant plus de six semaines, il ne pouvait pas s’asseoir ni se coucher, excepté sur le côté gauche, et encore !…

— Pour lors, Pitou, tu as peur de rencontrer des panthères ? »

Il hésita.

« Mon Dieu ! J’ai peur… et je n’ai pas peur ; ça dépend… À