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Le soleil, resplendissant dans un ciel pur, éclairait cette scène imposante. Tout le peuple de Bhagavapour, assis sur les gradins de l’amphithéâtre, attendait avec curiosité l’ouverture de la fête qui lui avait été promise. Hommes et enfants mangeaient, buvaient et riaient en pensant à la grimace que le malheureux Anglais ne pouvait manquer de faire à son dernier soupir.

Pour calmer un peu l’impatience de la foule, on lâcha d’abord un éléphant sauvage, pris l’avant-veille dans la forêt, et on le plaça entre trois éléphants apprivoisés, dont l’un à sa droite, le second à sa gauche et le troisième par derrière, le poussaient et le frappaient à coups de trompe pour lui enseigner ses nouveaux devoirs. La mine piteuse du pauvre sauvage, ainsi malmené et dressé sous les yeux de quarante mille personnes, était un spectacle étrange et réjouissant. Hélas ! pauvre éléphant ! il avait été, lui aussi, victime d’une trahison. Une jeune éléphante apprivoisée l’avait, par ses coquetteries, amené dans le piège, et maintenant il excitait la risée des hommes.

Mais on se lassa bientôt de ce vaudeville, et l’on commença à réclamer le drame.

« L’Anglais ! l’Anglais ! le traître ! Baber ! Baber ! » demandèrent mille voix.

Enfin les trompettes retentirent, et Corcoran entra dans l’amphithéâtre à cheval. À sa droite