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temps on entendait le rugissement des tigres, le pas lourd des éléphants ou le sifflement du cobra capello. Pour vous consoler, le soleil vous rôtit pendant le jour et les moustiques vous mordent pendant la nuit. Le matin j’avais les lèvres enflées comme des boudins, et mon nez ressemblait à une vitelotte. Enfin, suffit ; nous arrivons dans un village où l’on ne voyait que des fakirs. Le fakir, messieurs, vous savez ce que c’est : — un particulier qui a fait vœu de ne se laver et de ne se brosser jamais.

« Pour lors, tous ces fakirs étaient accroupis autour de leur temple lorsque nous arrivâmes. Pas un d’eux ne leva la tête et ne dit un mot de politesse. Voyant ça, le capitaine siffla Louison, qui sauta légèrement à terre, comme une jolie fille qui va au bal. Au premier bond de la tigresse, qui pourtant ne fit de mal à personne, tous ces endormis se réveillèrent, et furent debout en un clin d’œil, — où je vis bien qu’aucun d’eux n’était paralytique, car ils se sauvèrent tous ensemble dans le temple en criant : Voici Baber Sahib (voici le seigneur Tigre) ! et en implorant Siva.

« Louison allait les suivre, mais le capitaine la retint, pour ne pas les effrayer davantage, et alla droit au plus fakir de la bande, c’est-à-dire au plus sale et au plus déguenillé. C’était un vieux à barbe blanche, qui paraissait très-respecté de