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monde pour trouver une île inaccessible ; j’y entre, et du premier coup j’y rencontre onze Anglais grands et petits : vraiment, c’était jouer de malheur. Alice riait de ma mésaventure : au fond, elle n’était pas fâchée de voir des compatriotes.

— Monsieur, dis-je à l’Anglais, par quel chemin êtes-vous arrivé ici ?

— Par mer. Nous avons fait naufrage, ma chère Cecily et moi, le 15 juin 1840, six mois après que Dieu m’eut fait la grâce de m’accorder sa main en légitime mariage. Nous étions venus dans l’Océanie pour évangéliser les sauvages des îles Viti ; j’avais même un chargement de bibles à cette intention. Mais notre vaisseau, le Star of Sea, se perdit dans le gouffre que vous voyez, et nous échappâmes seuls à la mort, Cecily et moi. Heureusement nous n’avons pas perdu courage ; nous avons défriché deux ou trois cents acres de terre, nous avons bâti une maison à laquelle j’ajoute un pavillon tous les deux ans, lorsque par la bénédiction du Très-Haut je vois ma famille s’augmenter d’un nouveau rejeton. Enfin, si je pouvais donner des maris à mes filles et des épouses à mes fils, je n’envierais rien aux plus fortunés patriarches. Mais vous, êtes-vous seuls échappés au naufrage ?

— Nous sommes venus par le chemin des airs, répondit Alice.

Et elle expliqua qui nous étions et ce que nous