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graphiques, est plus redoutable encore que le fameux Maëlstrom, si redouté des Norvégiens. Son centre d’attraction était situé à quinze cents pas environ d’une petite île que nous distinguions admirablement et qui paraissait avoir sept ou huit lieues de tour.

Tout à coup un dernier cri retentit sur le pont. Le trois-mâts, qui tournait toujours avec une rapidité prodigieuse, arriva enfin au fond du gouffre et s’engloutit. Nous regardâmes longtemps avec une émotion profonde le lieu du désastre ; aucun homme vivant ne reparut ; mais, par une horrible ironie du destin, la mer se calma aussitôt que le navire eut fait naufrage. On eût dit qu’un monstre caché, satisfait de sa proie, rendait le calme aux flots. Peu à peu les vagues se mirent à tourner en sens inverse, et à ramener à la surface de l’océan tout ce qu’elles avaient englouti. Le trois—mâts lui-même, tout démantelé, à demi brisé, alla échouer contre les rochers.

C’est alors que, regardant avec attention l’île au-dessus de laquelle se trouvait notre ballon, nous vîmes qu’elle était faite à souhait, comme dit Fénelon, pour le plaisir des yeux. Des forêts de bananiers, d’orangers et de citronniers en couvraient la plus grande partie. Le reste était revêtu d’un gazon plus fin et plus serré que le plus beau gazon d’Angleterre. Au fond des vallées coulaient quatre ou