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« Alors, seul, je conduisis les deux aveugles à ce lieu funèbre, où je fis toucher à l’anachorète comme à son épouse le corps gisant de leur fils.

« Impuissants à soutenir le poids de ce chagrin, à peine ont-ils porté la main sur lui que, poussant l’un et l’autre un cri de douleur, ils se laissent tomber sur leur fils étendu par terre. La mère, baisant le pâle visage de son enfant, se met à gémir, comme une tendre vache à qui l’on vient d’arracher son jeune veau.

« Yadjnadatta, ne te suis-je pas, disait-elle, plus chère que la vie ? Comment ne me parles-tu pas au moment où tu pars, auguste enfant, pour un si long voyage ? Donne à ta mère un baiser maintenant, et tu partiras après que tu m’auras embrassée ; est-ce que tu es fâché contre moi, ami, que tu ne me parles pas ? »

« Et le père affligé, et tout malade même de sa douleur, tint à son fils mort, comme s’il était vivant, ce triste langage, en touchant çà et là ses membres glacés :

« Mon fils, ne reconnais-tu pas ton père, venu ici avec ta mère ? Lève-toi maintenant. Viens, prends, mon ami, nos cous réunis dans tes bras. Qui désormais nous apportera des bois la racine et le fruit sauvage ? Et cette pénitente aveugle, courbée sous le poids des années, ta