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marcher ; tu es l’œil de moi, qui ne peux voir ; mais pourquoi ne me parles-tu pas ? »

« À ces mots, m’étant approché doucement de ce vieillard, les mains jointes, la gorge pleine de sanglots, tremblant et d’une voix que la terreur faisait balbutier :

« Je suis un Kchatriya, lui dis-je. On m’appelle Daçaratha, je ne suis pas ton fils, je viens chez toi parce que j’ai commis un forfait épouvantable. » Et je lui racontai le meurtre du jeune anachorète.

« À ces paroles, le vieillard demeura un instant comme pétrifié ; mais quand il eut repris l’usage de ses sens :

« Si, devenu coupable d’une mauvaise action, me dit-il, tu ne me l’avais confessée d’un mouvement spontané, ton peuple même en eût porté le châtiment, et je l’eusse consumé par le feu d’une malédiction !

« Ce crime eût bientôt précipité Brahma de son trône, où il est cependant fermement assis. Dans ta famille, le paradis fermerait ses portes à sept de tes descendants et à sept de tes ancêtres.

« Mais tu as frappé celui-ci à ton insu, c’est pour cela que tu n’as pas cessé d’être. Allons, cruel ! conduis-moi au lieu où ta flèche a tué cet enfant, où tu as brisé le bâton d’aveugle qui servait à me guider ! »