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nuit dans le fleuve solitaire. À qui donc ai-je fait ici une offense ? »

« Il dit, et moi, à ces lamentables paroles, l’âme troublée et tremblant de la crainte que m’inspirait cette faute, je laissai échapper les armes que je tenais à la main. Je me précipitai vers lui, et je vis, tombé dans l’eau, frappé au cœur, un jeune infortuné, portant la peau d’antilope et le djatâ des panthères.

« Lui, profondément blessé, il fixa les yeux sur moi, comme s’il eût voulu me consumer par le feu de sa rayonnante sainteté :

« Quelle offense ai-je commise envers toi, dit-il, Kchatriya, moi solitaire, habitant des bois, pour mériter que tu me frappasses d’une flèche, quand je voulais prendre ici de l’eau pour mon père ? Les vieux auteurs de mes jours, sans appui dans la forêt déserte, ils attendent maintenant, ces deux pauvres aveugles, dans l’espérance de mon retour. Tu as tué par ce trait seul et du même coup trois personnes à la fois, mon père, ma mère et moi : pour quelle raison ?

« Va promptement, fils de Raghon, va trouver mon père et raconte-lui cet événement fatal, de peur que sa malédiction ne te consume, comme le feu dévore un bois sec ! Le sentier que tu vois mène à l’ermitage de mon père ; hâte-toi de t’y