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brisé. Les dents du crocodile n’avaient même pas pénétré fort avant, à cause de la manière dont Louison lui serrait la langue.

Je me contentai de laver la plaie avec soin. Je tirai de ma carnassière un flacon d’alcali dont je versai une ou deux gouttes sur la blessure, et je fis signe à Louison de me suivre.

Soit reconnaissance, soit désir d’être pansée avec soin, elle se laissa conduire et me suivit jusqu’au chariot, où les deux Malais qui m’accompagnaient faillirent mourir de peur en l’apercevant. Ils sautèrent à bas du chariot et rien ne put les décider à y remonter.

Le jour suivant nous retournâmes à Batavia. Cornélius van Crittenden fut bien étonné de me voir arriver avec ma nouvelle amie, à qui j’avais donné tout de suite le nom de Louison, et qui me suivait dans les rues comme un jeune chien.

Huit jours après je levai l’ancre, emmenant la tigresse, qui n’a jamais cessé de me tenir fidèle compagnie. Une nuit même, dans les parages de Bornéo, elle m’a sauvé la vie.

Mon brick fut surpris par un temps calme à trois lieues de l’île. Vers minuit, comme mon équipage, composé de douze hommes seulement, s’était endormi, une centaine de pirates malais monta tout à coup à bord et jeta dans la mer le matelot qui tenait le gouvernail.