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Jusque-là le combat était égal, et je ne savais pour qui faire des vœux, car enfin l’intention de Louison n’était pas bonne, et sa plaisanterie était fort désagréable pour son adversaire ; mais Louison était si belle ! Elle avait tant de grâces dans les formes, tant de souplesse dans les membres, tant de variété dans les mouvements ! Elle ressemblait à une jeune chatte, à peine en sevrage, qui joue au soleil sous les yeux de sa mère.

Mais, hélas ! ce n’était pas pour jouer qu’elle se tordait sur le sable en poussant des cris rauques qui faisaient retentir la forêt. Les singes, perchés en sûreté sur les cocotiers, regardaient en riant ce terrible combat. Les babouins montraient Louison aux macaques et lui faisaient, le petit doigt posé sur le nez et la main déployée en éventail, le geste moqueur des gamins de Paris. L’un d’eux même, plus hardi que les autres, descendit de branche en branche jusqu’à six ou sept pieds de terre, et là, se suspendant par la queue, il osa du bout de ses ongles gratter légèrement le mufle de la redoutable tigresse. À cette plaisanterie, tous les babouins poussèrent de grands éclats de rire ; mais Louison fit un geste si prompt et si menaçant, que le jeune babouin qui l’avait essayée n’osa pas la recommencer, et se tint pour très-heureux d’avoir échappé aux dents meurtrières de son ennemie.

Cependant le crocodile entraînait la pauvre ti-