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« Je sais bien ce que je fais, dit le Breton. Crois-tu que je me soucie beaucoup des millions d’Holkar, si durement extorqués à son peuple ? Sita, qui est meilleure que moi, ne regrette pas l’usage que j’en fais. D’ailleurs, je suppose, pour beaucoup de raisons, que je n’ai pas longtemps à régner, et je suis bien aise de rendre le métier si difficile que personne n’ose ou ne puisse prendre ma place après moi. »

Cependant le bruit des applaudissements s’était apaisé, et Corcoran allait continuer son discours, lorsqu’un grand tumulte se fit entendre à la grande porte d’entrée : on vit tout le monde s’écarter et donner des marques d’une frayeur épouvantable.

Déjà Sougriva s’avançait pour connaître la cause de ce désordre, lorsqu’au milieu du passage laissé vide, Louison s’avança lentement, couverte de sang et portant dans sa gueule le corps inanimé de Lakmana.

À cette vue, tout le monde poussa un cri d’horreur, et Corcoran lui-même parut étonné.

Louison déposa sur les marches du trône le brahmine qui ne donnait plus aucun signe de vie, et faisant signe à son maître de le suivre, reprit le chemin par lequel elle était venue. Déjà l’on murmurait dans la foule et l’on parlait de lui tirer des coups de fusil pour venger la mort du brahmine, mais le Breton devina l’intention