Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, I.djvu/303

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Lakmana, toujours suivi de son inséparable Louison, ouvrit la porte de cette chambre. La tigresse, curieuse comme toutes les femmes et la plupart des chattes, ennuyée d’ailleurs de l’obscurité profonde de l’escalier qu’elle venait de grimper à la suite du brahmine, n’eut pas plutôt aperçu la fenêtre ouverte d’où l’on apercevait ce paysage délicieux, sans égal dans l’univers, qu’elle oublia sa prudence ordinaire et se précipita dans la chambre. Mais, hélas ! c’est là que l’attendait le traître Lakmana.

La trappe dont il venait de pousser le ressort, céda tout à coup sous le poids de notre pauvre amie qui tomba, sans pouvoir s’accrocher à rien, dans un précipice effroyable. À peine eut-elle le temps de pousser un cri et un rugissement et d’invoquer la justice divine contre le perfide brahmine. Sa chute produisit un bruit mat, pareil à celui d’une grappe de raisin qu’on écraserait contre un mur. Il se pencha sur l’ouverture, écouta un instant, n’entendit plus rien et poussa, quoique seul, un bruyant éclat de rire, qui dut faire frissonner au fond des enfers Lucifer lui-même, son cousin-germain.

Puis il referma la porte, redescendit l’escalier, monta en litière, escorté de quelques esclaves, feignit de se diriger vers Bombay, afin qu’on crût qu’il avait cherché un asile chez les Anglais, quitta