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tenir les regards. On se prosternait sur son passage les mains réunies en coupe dans les rues de Bhagavapour et on lui rendait des honneurs presque divins.

Un seul homme crut le moment favorable pour s’emparer du trône et faire périr Corcoran par trahison.

C’était un des principaux zémindars mahrattes, brahmine de haute naissance, nommé Lakmana, qui croyait descendre du frère cadet de Rama et avoir des droits à l’empire d’Holkar. Du vivant même de ce dernier il avait plusieurs fois essayé de se rendre indépendant et de nouer des intrigues avec le colonel Barclay ; mais après la défaite des Anglais il fut le premier à s’empresser auprès de Corcoran-Sahib, à se prosterner devant lui et à protester de son dévouement.

Au fond, il n’attendait qu’une occasion favorable pour démasquer sa trahison et soulever le peuple. Il réunissait dans sa maison tous les mécontents ; il se plaignait qu’on eût violé la loi sacrée de Brahma en donnant la couronne d’Holkar à un aventurier d’Europe ; il prêchait le retour aux anciennes mœurs ; il accusait Corcoran de porter des bottes faites de cuir de vache (ce qui était vrai d’ailleurs et passait pour un sacrilège horrible aux yeux des Mahrattes) ; enfin il armait ses forteresses, garnissait leurs remparts d’artillerie, et faisait