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— Mais…

— Aimerais-tu mieux être touché par un Anglais ? »

Sougriva fit un geste de répugnance et d’horreur.

« Tu n’as que le choix entre ces deux souillures, dit Corcoran.

— Seigneur, reprit Sougriva, croyez-moi, n’insistez pas. Vous vous en trouverez mal. On vous quittera aussi vite qu’on vous a pris et le colonel Barclay reviendra et prendra votre place.

— Mon ami, dit le Breton, je ne suis pas un roi légitime, moi. Mon père n’était fils ni de Raghou ni du grand Mogol. Il était pêcheur de Saint-Malo. À la vérité, il était plus fort, plus brave et meilleur que tous les rois que j’ai connus ou dont l’histoire a parlé, et il était citoyen français, ce qui est à mes yeux supérieur à tout ; mais enfin ce n’était qu’un homme. Aussi avait-il les sentiments d’un homme, c’est-à-dire qu’il aimait ses semblables, et qu’il n’a jamais commis une action méchante ou basse. C’est le seul héritage que j’aie reçu de lui, et je veux le garder jusqu’à la mort. Le hasard m’a permis de donner à Holkar et à vous tous un fort coup de main pour battre les Anglais — ce qui était peut-être ma vocation naturelle ; le même hasard m’a donné pour femme ma chère Sita, la plus belle et la meilleure des filles des hommes, ce qui fait de