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de haute caste comme moi est d’une naissance égale à celle des rois et il se gardait bien de nous insulter, tandis que l’Anglais brutal (je l’ai vu à Bénarès) nous donne des coups de fouet pour se faire place dans la foule, et entre tout botté sans crainte de la souiller, dans la sainte pagode de Jaggernaut, où le héros Rama lui-même ne serait pas entré sans avoir subi les sept pénitences et les soixante-dix purifications. »

Pendant ce discours Corcoran réfléchissait profondément.

« J’aurais mieux fait, pensa-t-il, d’épouser Sita et de chercher sans retard le fameux Gouroukamta que d’accepter ainsi sans réflexion l’héritage d’Holkar ; mais enfin, le vin est tiré, il faut le boire. Il faudrait que je fusse bien malheureux pour n’être pas plus honnête homme que mon prédécesseur ou que le glorieux Aurengzeb. D’ailleurs, j’ai cru deviner, quand Barclay m’a quitté, que ce rancuneux Anglais, qui m’en veut de l’avoir mis à la porte de Bhagavapour, voudra tôt ou tard prendre sa revanche et reviendra avec une armée. Il faut être beau joueur et l’attendre de pied ferme. Qui vivra, verra. »

Puis se retournant vers Sougriva :

« Mon ami, dit-il, Louison et moi, nous ne sommes pas de ces gens qu’un rien effraye, et si outre le royaume d’Holkar, on nous offrait la Chine,