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— Quatre-vingt millions de roupies[1], outre les diamants et les pierreries.

— Eh bien, de bonne foi, croyez-vous qu’un roi qui se respecte doive être si riche ?

— Peut-être était-il économe, dit Corcoran.

— Économe, vous le connaissez bien ! reprit amèrement Sougriva. Il a pendant quarante ans dépensé des milliards de roupies pour satisfaire les plus sottes fantaisies qui puissent venir à l’esprit d’un sectateur de Brahma ; il bâtissait des palais par douzaines, — palais d’été, palais d’hiver, palais de toute saison ; il détournait des rivières pour avoir des jets d’eau dans son parc ; il achetait les plus beaux diamants de l’Inde pour en orner la poignée de son sabre, et il avait des sabres par centaines ; il faisait venir des esclaves des cinq parties du monde ; il nourrissait des milliers de bouffons et de parasites, et il faisait empaler quiconque avait essayé de lui dire la vérité.

— Mais enfin où prenait-il l’argent ?

— Où il est, c’est-à-dire dans les poches des pauvres gens, et de temps en temps il faisait couper la tête à un zémindar pour s’emparer de sa succession. C’est même la seule chose populaire qu’il ait jamais faite, car le peuple qui hait les

  1. Trois cent vingt millions de francs.