frapper, on m’a mis pour trois mois à l’hôpital et j’en suis sorti il y a cinq semaines.
— Qui est-ce qui t’a fait donner le fouet ? demanda encore le capitaine.
— C’est le lieutenant Robarts… Mais celui-là, je m’en charge. Sougriva et moi, nous ne le quittons pas d’une minute.
— Voilà un major bien gardé ! pensa Corcoran.
« Et, ajouta-t-il tout haut, que fait Sougriva dans le camp anglais ? Il est donc libre ?
— Sougriva, dit le cipaye, a glissé entre leurs doigts. Quand on l’eut fait prisonnier, Robarts, qui l’avait reconnu, voulut le faire pendre ; mais pendant qu’on assemblait le conseil de guerre, il a parlé au factionnaire cipaye qui le gardait à vue. L’autre l’a laissé échapper et a déserté avec lui. Vous jugez de la colère du lieutenant. Il voulait fusiller tout le monde ; mais le colonel Barclay l’a apaisé. Sougriva est revenu le soir même, déguisé en fakir, et s’est fait reconnaître des cipayes ; mais aucun ne veut le livrer, et si les Anglais voulaient le pendre, on se révolterait.
— Allons, tout va bien, » dit Corcoran, et, après être rentré au palais et avoir donné ces bonnes nouvelles à Holkar, il retourna sur le rempart.
Au même moment, il vit dans les ténèbres une ombre se glisser au fond du fossé par la brèche : c’était le cipaye Bérar qui rentrait au camp anglais.