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« Et, continua le président, vous avez vu le feu, je suppose ?

— Une douzaine de fois, dit Corcoran. Pas davantage. Dans les mers de la Chine et de Bornéo, vous savez, un capitaine marchand doit toujours avoir quelques caronades à bord pour se défendre des pirates ?

— Vous avez tué des pirates ?

— À mon corps défendant, répliqua le marin, et deux ou trois cents tout au plus. Oh ! je n’étais pas seul à la besogne, et sur ce nombre, je n’en ai guère tué plus de vingt-cinq ou trente pour ma part. Mes matelots ont fait le reste. »

À ce moment, la séance fut interrompue.

On entendit dans la salle voisine le bruit d’une et de plusieurs chaises, qu’une personne inconnue venait de renverser.

« C’est insupportable ! s’écria le président. Il faut voir ce que c’est.

— Quand je vous disais qu’il ne fallait pas impatienter Louison ! dit Corcoran. Voulez-vous que je l’amène ici pour la calmer ? Elle ne peut pas vivre sans moi.

— Monsieur, répliqua assez aigrement un académicien, quand on a chez soi un enfant morveux, on le mouche ; ou quinteux, on le corrige ; ou criard, on le met au lit ; mais on ne l’amène pas dans l’antichambre d’une société savante !