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trie manufacturière, le peuple ouvrier sera heureux ? Est-ce à dire qu’il suffira d’avoir une grande industrie pour que toutes les classes de la société, pour que les classes ouvrières, le commerce, les professions, l’agriculture, en profitent dans la large et superbe mesure du raisonnable, sinon du « plus possible » ? Non ! le contraire est démontré. On peut avoir l’industrie la plus étendue et la plus grandiose, en même temps que l’indigence la plus profonde, le pire esclavage social, la dégradation morale et l’obscurcissement intellectuel de la grande masse du peuple.

Et cela arrive à coup sûr chaque fois que le capital s’empare du monopole de l’industrie. Car alors, les riches seuls profitent de l’industrie ; la masse des travailleurs n’y gagne qu’une maigre pitance ; le capitaliste veut produire à aussi bon marché que possible pour écouler ses produits manufacturés à l’étranger et faire concurrence à tous ses rivaux ; pour produire à bon marché le capitaliste fait travailler la main d’œuvre à aussi bon marché que possible : — d’où vient que pendant que les capitalistes regorgent de millions et étouffent dans le luxe, l’ouvrier n’a souvent pas le sou sonnant et croupit dans la misère avec toute sa famille. La société s’écroule alors par sa base, qui est l’injustice, et la vengeance populaire l’engloutit sous ses ruines.

Et je suis certain qu’il n’y a pas un marchand, pas un homme de profession, médecin, avocat, notaire, etc., pas un épicier, pas un boucher, pas un commerçant, pas un artisan quelconque qui me dira que cela ne préjudicie pas à ses intérêts. Car, tous ils savent comme moi que le riche qui vaut un million ne leur achètera pas plus de denrées ou de marchandises, ou ne donnera guère plus à faire aux hommes de profession, s’il vaut deux millions de plus ;