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le contentement, l’éducation, l’élégance des mœurs, une telle loi est-elle utile ? N’est-elle pas même indispensable ? N’est-elle pas souverainement juste et chrétienne ? Vous, messieurs les capitalistes, qui vous targuez avec raison de ne pas être des révolutionnaires, sans doute parce que vous avez raison d’être satisfaits de votre sort, comment pourriez-vous vous objecter à une loi qui préviendrait les révolutions sociales, les plus terribles et celles qui vous concernent de plus près ?

Me dira-t-on que cette loi sent le communisme ? Alors tout industriel qui s’associe à celui qui consent à opérer avec lui, est donc entaché de communisme ? Le communisme mal entendu consiste du reste dans le partage aveugle des richesses. Le communisme bien entendu, consiste à faire partager à ceux qui produisent un article quelconque, le bénéfice réel de leur travail. Il est un troisième communisme, le communisme chrétien, qui consistait, dans les premiers temps de l’Église, à mettre son bien en commun et à vivre à même la masse du bien ou des fruits qu’il rapportait. Pour que ce communisme fût praticable universellement dans une société, il faudrait que le christianisme, c’est-à-dire la perfection même, au moins en autant que l’humanité puisse y atteindre, eut pénétré la presque totalité des hommes. Ce communisme existe dans les communautés religieuses : les Dominicains comme les Shakers le pratiquent. Ce n’est pas tout-à-fait le communisme absolument chrétien que je propose à mon pays, c’est le communisme ou le partage le plus chrétien ou le plus juste qu’il soit possible d’établir dans les circonstances actuelles. Avec le perfectionnement des hommes viendra le perfectionnement des lois, et le moyen d’arriver à la per-