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l’exploitation par le capital-monopole du travailleur salarié et opprimé :

« D’où la conséquence que tout petit capitaliste est presqu’assuré de sa ruine ; que la société est partagée en deux camps, sans intermédiaire en quelque sorte ; les capitaux ligués d’un côté, les bras exténués, sans défense, de l’autre ; qu’il y a dans Londres, vingt-neuf banquiers faisant, dans une seule année, 24 milliards et cinquante millions d’affaires et que le niveau du salaire baissant sans cesse, il y a aussi en Angleterre, chaque année, un cinquième de la population qui languit et meurt de consomption, un nombre d’aliénations mentales deux, trois fois plus grand que dans les autres pays de l’Europe, trois cent mille affamés qui fuient le sol de la patrie, cent mille autres qui se font inscrire, en plus, au livre officiel de la misère. »

« Ainsi, l’écu devenu, s’il est possible, plus féodal, plus tyrannique que la terre, l’écu éblouissant au dehors par ses flottes, par ses conquêtes toujours nouvelles, mais tuant froidement à l’intérieur, poussant un troupeau d’hommes à ces deux termes : consomption ou folie ! Voilà ce que, par une profanation de mots, on est convenu d’appeler puissance de l’association ! »

« Puissance maudite, fais donc entonner, dans les mers lointaines, du haut de tes mâts victorieux, le Rule britannia, pour qu’il te soit répondu, de la métropole, par des cris de misère et de faim ! »

M. Ledru-Rollin terminait par ces paroles profondément tristes, quoiqu’elles contiennent un mot d’apologie pour les capitalistes, et un encouragement pour ceux qui sont appelés, comme nos réformateurs politiques, à fonder l’institution de notre industrie :