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l’affreux paupérisme, les grandes émigrations, les work houses, ou maisons des pauvres, la démoralisation, la profonde barbarie des classes indigentes de la société.

Il faut lire le rapport d’enquête qui fut publié dans le Morning Post de Londres, il y a quelques années, pour se faire une idée exacte de l’état social de l’Angleterre et visiter ce pays comme je l’ai fait, quoi qu’imparfaitement, pour constater les monstrueux résultats sociaux de l’association du capital pour l’exploitation égoïste et froidement rapace du travail populaire. Le rapporteur de cette enquête, tout anglais et tout aristocrate qu’il fût, n’a pu s’empêcher d’écrire ces lignes indélébiles :

« Les faits, qui vont se dérouler ici, dit l’auteur de l’enquête, sont d’une telle nature, que la plume est impuissante à peindre les terribles émotions qu’ils ont fait naître en moi. Partout, continue-t-il, c’est la faim et la prostitution, résultats inévitables de l’extrême avilissement du salaire. C’est une épouvantable lutte entre la vie et la mort. Il faudrait des volumes pour raconter les détails de cette agonie, dont je ne pourrai donner qu’une idée bien incomplète. »

La fatalité a voulu que ce tableau soit encore fidèle vingt ans après. J’en trouve le témoignage dans le Witness même d’une date récente. Son correspondant de Londres lui écrivait au mois de Janvier dernier :

« Je desire vous donner de nouveaux exemples des contrastes que l’on voit à Londres entre les riches et les pauvres, et qui sont tels, que ceux que vous voyez au Canada ou aux États-Unis, ne peuvent vous donner aucune idée du gouffre insondable qui divise l’Est de l’Ouest de Londres. »