qui l’ont ensanglantée et menacent de la noyer dans le sang et de l’enterrer sous les ruines ?
À quoi l’Europe doit sa misère, son trouble et les violences qui l’ont atteinte et qui la menacent encore de plus rudes châtiments, de plus cruelles représailles ? À quoi ? Peut-on sérieusement se poser cette question ? Qui ne sait que c’est aux injustices que depuis des siècles les capitaux associés ont imposées à l’humanité, en exploitant systématiquement, froidement, honteusement, les sueurs des masses ouvrières, mal payées, tenues dans l’indigence, privées d’éducation, réduites à un long et constant désespoir ?
La France, l’Allemagne, l’Angleterre, sont coupables à des degrés différents du crime de l’exploitation de l’ouvrier par le monopole ; mais puisque c’est l’Angleterre que l’on veut imiter, que l’Angleterre nous serve d’exemple, nous fournisse nos preuves. Imitons son esprit d’entreprise et profitons de ses grandes connaissances industrielles, mais pour Dieu, puisons à la source des faits une triple haine de son grand crime social : l’exploitation du travailleur par le capital.
Il y a des choses si évidentes qu’il suffit de les énoncer. Ainsi, l’Angleterre avait une population lorsqu’elle n’avait pas encore d’industrie manufacturière. Cette population n’était pas généralement riche, mais elle n’était pas généralement pauvre non plus. Quand l’industrie commença à se développer, le peuple anglais jouissait d’une aisance générale, chacun était son maître ou à peu-près. Quand cette industrie se fût développée, les riches industriels commencèrent à la monopoliser. Ils formèrent des compagnies énormes, bâtirent d’immenses usines. Or, de ce moment datent l’asservissement du peuple ouvrier en Angleterre,