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Hymnes funèbres, chants hideux
… Et toujours la roue inflexible
Qui tourne, tourne irrésistible
À travers l’abîme orageux !

Quels oiseaux, en troupes bruyantes,
À grands cris la suivent dans l’air ?
Est-ce vous, hydres effrayantes,
Chiens terribles de Jupiter ?
J’entends des ailes dans le vide ;
Aux rayons de l’orbe rapide.
Je crois voir s’attacher des mains…
Est-ce vous, noires Euménides ?
Venez-vous dans mes flancs livides
Plonger vos ongles inhumains ?

Vaines paroles ! à ma vue
Tout fuit, tout passe sans repos ;
Autour de moi, dans l’étendue,
Formes, couleurs, tout est chaos.
De mes cheveux le vent me fouette ;
Mon cerveau bat contre ma tête ;
Mon cœur bondit ; et tout mon sang,
Comme un liquide qu’on secoue,
Des pieds au front, suivant la roue,
Tour à tour monte et redescend.

Quel supplice ! Et naguère encore,
Enivré du nectar des cieux,
Sur les nuages de l’aurore