Page:Asselineau - Le Livre des sonnets.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
des sonnets


D’vne Fontaine




Ceſte fontaine eſt froide, & ſon eau doux-coulante,
A la couleur d’argent, ſemble parler d’amour :
Vn herbage mollet reuerdit tout autour,
Et les aunes font ombre à la chaleur brulante.

Le fueillage obéit à Zéphyr qui l’eſuante
Soupirant amoureux en ce plaiſant ſeiour :
Le Soleil clair de flamme eſy au milieu du iour,
Et la terre ſe fend de l’ardeur violante.

Paſſant, par le trauail du long chemin laſſé,
Brulé de la chaleur, & de la ſoif preſſé,
Arreſte en ceſte place où ton bon-heur te maine.

L’agréable repos ton corps delaſſera,
L’ombrage & le vent frais ton ardeur chaſſera,
Et ta ſoif ſe perdra dans l’eau de la fontaine.


Philippe Deſportes.